Saint-Sylvestre, petit village de 900 habitants situé dans le Limousin accueillait la 3ème édition de la Granit Montana, le rendez que nous avions programmé depuis quelques mois. La Granit affiche 76 kms pour 3000 de D+ autant dire ce ne sera pas une promenade de santé. Je ne connais pas cette région. Une collègue, qui organise des courses à pieds, connait un trail renommé "Les gendarmes et les voleurs de temps", juste à côté, à Ambazac, très belle région mais très dure me prévient-elle.
Nous sommes 3 courageux (ou ...) de Saint Michel à être inscrits plus Bastien. Les divers CR des années précédentes nous ont donnés un aperçu de ce qui nous attendait. Nous avons préparé du mieux possible ce rendez-vous avec ce que nous propose notre région en rajoutant au moins une sortie par semaine.
Départ le samedi vers 16h. Le rendez-vous est à la maison. Nous avons réservé 2 chambre au Campanile de Limoges. Nous arrivons en fin d'après-midi et prenons possession de nos chambres. Le cadre est calme et sympa. Le petit déjeuner du lendemain est prévu à partir de 7h. Nickel !
Nous retrouvons Bastien pour diner. Les pizzarias sont blindées. Nous nous retournons vers un Courte-paille pour manger nos...dernières pâtes. Retour à l'hôtel vers 23h pour un gros dodo.
Le réveil sonne à 6h30. Nous préparons nos affaires (je partage la chambre avec Olivier). A 7h pile, nous sommes devant l'entrée du resto mais personne : tout est fermé et pas de lumière. On croise les doigts en espérant ne pas attendre trop longtemps car il faut que nous passions retirer les dossards (nous sommes arrivés trop juste la veille). Jean-Pierre nous dit que les inscriptions ferment à 8h15. (il a un peu la pression le JP). Bon. Il est 7h15 et toujours pas de mouvement. D'autres personnes dont des vététistes attendent également. Je me décide d'appeler le 06 d'urgence mentionné sur la porte. L'adjointe du gérant a eu une panne de réveil. "le petit dej ne sera pas prêt avant 1/2 heure !" oups! Calcul rapide, impossible d'attendre. Si vous êtes un "lève-tard, le Campanile de Limoges Nord est pour vous sinon passer votre chemin".
Nous rangeons nos affaires dans la voiture pendant que la personne tant désirée arrive. Nous réglons notre note et partons. Olivier partage quelques gâteaux à la noix de coco. Quelques barres énergétiques accompagnées d'Isostar complèteront le petit dej. Magnifique !
Nous filons vers Saint Sylvestre. Nous sommes dans les temps. Nous sortons nos vélos. Olivier préfère regonfler son pneu arrière et......casse la valve de son tubeless. J'ai laissé ses 2 chambres, la veille, dans mon garage. Il en sort une de son Camel mais avec une valve...... Schrader. Heureusement Jean-Pierre a une Presta de secours !. Pendant qu'il répare nous filons aux inscriptions pour retirer le précieux sésame.
Le départ est prévu à 8h45. Nous en profitons pour, enfin, aller boire un café. Bastien est déjà sur place. Nous saluons et discutons avec 5 "Louvet" qui ont fait le déplacement (ça me change de mon voisin !) J'en connais un sur les 5, Philippe....
Tout le monde a le sourire. Le temps promet également d'être de la partie. C'est nuageux pour l'instant mais le soleil devrait faire son apparition. J'enlève d'ailleurs mon coupe vent avant de partir.


Sur la ligne de départ, ,nous apercevons, notamment, Jean-Paul Stephan et Pédalator. Nous sommes 240 concurrents sur le 76. Une obligation : passer la porte horaire avant 14h. Elle est située au quarantième kilomètres. Nous avons droit au Briefing de l'organisation : 3 kms de route goudronnée au total ! La couleur est annoncée.
Le départ est donné. Ca se bouscule dans le peloton. Il y a même une chute collective. Quelques mètres de bitume et on attaque dans le vrai. Montées et surtout descentes très techniques, trop pour moi en tout cas. Les premières chutes font leur apparition. J'applique mon plan à la lettre : passer les grosses difficultés, montées ou descentes, à pieds afin d'éviter toutes chutes et de ne pas me cramer, éventuellement, suivre la trace dans la roue d'un concurrent. Je l'appliquerai d'ailleurs toute la journée. Donc je suis déjà à côté du vélo sur quelques mètres et laisse passer régulièrement les "spécialistes". Bastien et Jean-Pierre sont devant, Olivier juste derrière. Pas d'inquiétude pour Olivier, c'est un bon "descendeur". Le terrain est plus humide que prévu et les racines ou rochers ne sont pas là pour me rassurer. Je discute avec un gars (il est du coin) quand un autre nous double à vive allure" , "Tu es sur le Combien ? " demande le local, "56" répond la fusée, je dis alors "T'aurais eu les boules si il t'avais répondu 76 !". Eclats de rire !
J'arrive au premier ravitaillement vers 10h30 et 18 kms. Après ma frayeur du début, le terrain est correct, je n'ai pas dis roulant ! JP arrive 10 secondes après. Je l'avais dépassé, victime dans saut de chaine. Bah j'aurai au moins doublé un concurrent dans cette étape !. Nous repartons rapidement au moment ou arrive Olivier. Jean-Pierre a en tête la porte horaire et ne veut pas la louper. Ah un rien le stress !! Les ravitaillements coup de vent me conviennent davantage. Le terrain devient plus difficile. Les côtes sont longues et rocailleuses. Pas de temps mort, ça monte ou ça descend. La région est truffée de Puy. (Grand Puy Maud, Puy du Mas) Nous faisons le tour de l'Etang de Gouillet. J'en profite pour prendre quelques photos. il commence à faire chaud. Le soleil est maintenant présent tout comme plusieurs bourbiers. Il a du également pas mal pleuvoir ici récemment. Je m'applique à respecter mon carnet de marche. Je suis dans les 10 de moyenne. Je ne m'attendais pas à mieux.

J'arrive sur le 2ème ravitaillement. 12h et 31 kms. Je retrouve 2 "Louvets" dont un qui a des inquiétudes pour la suite. J'échange quelques mots avec eux quand Jean-Pierre arrive à son tour. Nous serons dans les temps pour la fameuse porte. Je me ravitaille mais pas trop. J'avais trop bu au 1er ravito et le coca a eu du mal à passer.


Je repars sur le même rythme en jouant des shifters pour ne pas me cramer, la route est encore longue. Nous longeons l'étang de l'âne pour nous diriger vers la Réserve Naturelle de la Tourbière des Dauges. Nous passons dans des endroits sympas bordés de fougères. J'arrive enfin sur la fameuse porte ou plusieurs personnes sont présentes. En fait c'est un"Louvet" qui m'en informe. Il attend ces potes. Je fais de même quelques minutes mais JP n'arrive pas. Je repars sans trop d'inquiétude. Il était là il y a 10 bornes. On longe une ligne Haute tension avant un passage dans une tourbière. A part pour avoir les pieds qui puent et mouillés, je ne vois pas l'intérêt. Donc je continue avec les pieds qui trempent dans les godasses, un vrai bonheur !.


On fait le tour du Puy de Sauvagnac. Je me fais une frayeur lors d'une descente de long d'un grillage. Personne devant moi et cette endroit est très sombre surtout avec les lunettes. Ca descend bien et j'y vais au feeling évitant racines et rochers, à la limite de perdre le contrôle. Mais ça passe ! Il faudra rester prudent.

Arrivée au ravito 3 : 48 kms il est 14h00. La moyenne baisse sévère, en gros 2h pour 15 bornes. Jean-Pierre était quasi dans ma roue, cool !. Difficile de rouler ensemble sur un tel terrain. On a perdu Bastien qui est devant et Olivier qui est derrière. J'ai une pensée pour lui, il doit en baver. Premier ravito avec du salé, casse croute aux rillettes, saucisson, fromage accompagnée d'une charmante organisatrice Jean-Pierre est sous le charme mais dans l'état ou l'on est elle n'a rien à craindre, la petite ! Je pioche dans les gamelles avec mes mains dégueulasses. Retour rapide à la réalité , il est temps de repartir, sur une base de 76 il reste au pire 30 kms. Je remplie un peu le Camel.

Ce ravito m'a été bénéfique et je peux repartir sur le même rythme (non non on ne se moque pas) sur MON rythme. Je suis JP mais ses dernières cabrioles ne l'ont pas mis en confiance dans les descentes. Il a même failli m'embarquer dans l'une d'elle. Comme souvent, elles sont constituée de terre meuble et en épingle. Je négocie comme je peux. Malgré tout je commence à avoir mal aux bras et stoppe de temps à autre pour les soulager. Lors d'une bifurcation Jean-Pierre part à gauche au lieu d'à droite. J'en profite pour passer à ce moment. Ca monte sans arrêt et je le distance un peu dans la côte suivante. Le paysage est varié mais ca grimpe tout le temps : fougères, sapins, bois, chemins, cailloux.... Je commence à avoir les pieds au sec quand...le tracé remonte un.....ruisseau. Et rebelotte. Bon maintenant ils sont propres ! Je le finis à pieds car ça "glissouille". Nous passons également dans des endroits fraichement défrichés. Tout à l'air d'être fait pour que l'on en bave. Ca ne me pose pas de problème particulier !


Enfin le panneau 10 kms suivi du dernier ravito. Il est 16h40. C'est l'heure d'arrivée que je m'étais fixé ! J'hésite à attendre Jean-Pierre mais je ne sais pas ou il est exactement. La fin est proche et il me tarde d'arrivée, pas trop par fatigue car les jambes tournent bien encore mais les heures de selle commencent à se faire sentir sérieusement. Je repars après 5mn.....tout seul. (désolé !).

La dernière partie est peut être moins dure que les précédentes car je l'ai fait entièrement sur le vélo tout en faisant 2 ou 3 STOP and GO de quelques secondes. Les 5 derniers kilomètres sont signalés par une pancarte. Même lors du dernier, il faut (toujours) monter pour atteindre Saint Sylvestre. Il est 18h lors que je passe sous l'arche ou m'attendent Bastien et Olivier. Je suis rassuré de voir ce dernier qui a préféré couper. Je suis loin de mon "objectif temps". Je suis fatigué mais pas détruit et ravi d'avoir bien gérer cette très dure sortie. Je suis super satisfait, pas de problème mécanique, ni chute. Rien ne vaut l'expérience.
Une superbe organisation avec toujours un petit mot d'encouragement. Un balisage impeccable tout comme les ravitaillements. Chaque difficulté était nommée, c'était sympa également.
Bon c'est clair, je n'étais pas assez bien préparé aujourd'hui ou plutôt pas assez entrainé. C'était long et éprouvant. Je savais que mon niveau technique était largement insuffisant pour venir ici (ou autre part) mais j'ai fait avec (comme d'hab). Je penche plus vers un problème d''appréhension des difficultés. Mais le fond était bien présent. Je rassure Jean-Paul Stephan, il n'a pas d'inquiétude à se faire !!
Je vais me passer un coup d'eau sur le visage et retourne sur la ligne d'arrivée avec Bastien et Olivier pour attendre Jean-Pierre. Des concurrents arrivent encore. Le speaker annonce que le dernier concurrent est annoncé dans une dizaine de minutes. Pourtant on ne s'est pas fait doubler par des dizaines de vététistes ? Olivier me dit qu'il y en a pas mal qui se sont fait ramener en voiture. Donc pas de doute c'est notre JP qui arrive. Je vais voir le président du Club qui tient le micro pour lui dire que nous sommes du même club. Il demande à tous les organisateurs présents de venir l'accueillir sous l'arche et pour le récompenser de ces efforts, décide de lui offrir son inscription pour l'année prochaine sur le parcours de son choix. Super sympa !!


Jean-Pierre arrive enfin sous les applaudissements. Bravo ! Interview obligatoire au micro du Président qui l'attend donc l'année prochaine ! Quelle leçon de courage. Presque 10 heures de selle. Ayant déjà fait plusieurs raids avec lui, je vous garantie qu'il a toujours été jusqu'au bout et aujourd'hui encore. Respect !
On discute un peu puis nous allons prendre notre plateau repas qui fera office de diner. Nous prenons un peu notre temps.
Nous ressortons récupérer nos montures à l'extérieur quand le barman du stand nous arrête pour nous offrir un pression bien fraiche. On ne peut refuser bien évidemment.
Il est temps d'aller rejoindre la voiture. Petit nettoyage à la bouteille à eau avant de prendre le chemin du retour, il est 20h00.